25 mars 2023 Le club d’Alençon – Les Deux Marguerite organise sa traditionnelle dictée

C’est, dans le cadre de la semaine de la Francophonie, qu’adultes et enfants se sont affrontés dans la salle Écouves à Alençon.

Si vous faites zéro fautes, vous ferez mieux que des super champions venus exprès de Paris !

En voici le texte, oeuvre du R/ Louis Biron, secrétaire du club :

LES TOURMENTS DE L’ELEVE A

Confortablement installé devant son écritoire marquetée de bois précieux, Adelphin se perd en conjectures : une théorie défendue par les nouveaux progressistes prône l’indifférenciation des genres ; cette théorie, tout invraisemblable qu’elle puisse paraître, aboutirait donc à la suppression du masculin et du féminin ! Mais alors pense-t-il cette vieille règle grammaticale de l’accord du participe passé conjugué avec les auxiliaires être et avoir deviendra obsolète ! Elle avait été source de tant d’embarras et d’anxiétés dans les dictées de son enfance !

Ô la dictée, épreuve honnie abhorrée ! Son nom effraie avec cette connotation coercitive, dictée, diktat, dictature, dictateur ! Quelle tyrannie ! Combien d’élèves (apprenants selon la novlangue des pédagogues avant- gardistes) se sont cassé la tête, tordu le neurone, échinés sur un texte abscons, rebellés contre les chausse-trappes, donné du mal devant des épithètes inusitées, rebiffés face aux crocs-en-jambe d’une langue abstruse, arraché les cheveux sur les guets-apens qu’on leur avait tendus . Il faut dire que la seule perspective de l’exercice peut provoquer tachycardie et extrasystoles voire des urticaires occasionnelles, et pour certains une lipothymie passagère. (fin de la dictée pour les juniors) Il se souvient de ce maître, un grand escogriffe au visage constellé d’éphélides, le sarrau maculé de taches dissimulant mal une gibbosité disgracieuse, qu’un emphysème rémittent obligeait parfois à susurrer un texte qu’on avait du mal à ouïr. Ah ces textes qu’il prenait un malin plaisir à truffer à l’envi de mots abracadabrants tels que : synallagmatique, xénarthre, hypothèse, hypoténuse, apothème ; de quoi attraper de violentes céphalées. Bayant aux corneilles pendant la fastidieuse lecture, il observait ses condisciples du fond qui bâillaient d’ennui ; quelque bons derniers qu’ils aient été, ils n’étaient pas pour autant atteints de dysorthographie, mais opposaient à ce pensum une inertie qu’ils se sont longtemps plu à cultiver.

Il a du mal à imaginer qu’il existe des concours de dictée ; comment peut- on prendre quelque plaisir que ce soit à ce remue-méninges, qui sont les participants ? Que l’on ne conclue pas trop rapidement que ce sont des schizophrènes ou de furieux masochistes ; mais que l’on voie plutôt en eux les défenseurs d’ une belle langue tant menacée. Quoi qu’il ne siée pas pour lui

de condamner ces damnés de l’orthographe, il préfère penser que les affres qu’ils ont choisi de subir sont compensées par les délices que leur ont procurées la lecture du palmarès et la montée sur le podium. Peut-être aussi ont-ils fait leur cet aphorisme de Talleyrand en le modifiant: « quand j’examine ma copie je m’inquiète, quand je la compare avec celle de mon voisin je me rassure »

Tiens une annonce dans le journal : dictée du Richelieu le 25 Mars. Y participerait-il pour exorciser ses vieux démons et mesurer la profondeur abyssale de ses lacunes ?

Louis Biron

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